Première approche : les différences d'attentes culturelles.

Préambule pour les habitués :

Déjà bien des mois écoulés depuis le sevrage sentimental... Trop de boulot, et autres projets créatifs à mener. Et puis grâce à cela et à la méditation, un détachement de cette urgence sentimentale qui est plutôt agréable. Une autre entrée en psychanalyse aussi, jungienne cette fois, grâce à la découverte passionnante de _Femmes qui courent avec les loups_ de la Jungienne Clarissa Pinkola Estés. Le bouqin à lire à 20 ans et à relire à 40 si on est une femme. Mais les passages sur la créativité et l'amour sont bien sûr valables pour les hommes éclairés.

Le sujet de ce billet ?  Les différences d'attentes culturelles.

Un parisien, ex habitant de D****, me mit un jour la puce à l'oreille en disant, "oh, D*** n'a jamais été une ville de drague."

Vous avez remarqué cette manie des films d'amour et des séries tv, américains ou allemands ? "the date"... "Est-ce que c'est un rendez-vous ? " demande souvent le héros ou l'héroïne, histoire de clarifier la situation de "sommes-nous en train d'essayer de nous séduire?" ou non...

Si on n'est française et qu'on ne regarde que ces séries ou films, nos attentes ne peuvent qu'être faussées, qu'en pensez-vous ? Est-ce mon point de vue et mon expérience qui sont égocentrés ou bien les Français ne font pas ça en majorité. Ils ne demandent pas un rendez-vous, ils ne proposent pas un rendez-vous sentimental, s'entend. Pour un planQ ou une rencontre amicale , oui, aucun problème. Mais pour signifier clairement à une femme (ou à un homme) qu'il/elle veut mieux le découvrir dans le cadre d'une intimité psychique voire sentimentale, jamais ou presque personne ne fait ça. Ca m'est arrivé une seule fois, décisive, dans ma vie.

Alors certains vont me dire, et peut-être avec raison, qu' on propose un rdv plan cul ou amical pour espérer un rdv complice qui vire vers le sentimental, mais ça reste assez sournois finalement. Oui, je veux bien croire que cela arrive. Mais d'où vient qu'il faille absolument cacher - en France- nos envies, nos intentions ?

Le "date" à l'Américaine n'est pas un serment de mariage. Les deux personnes se mettent juste en "position" de considérer l'autre comme un éventuel partenaire sentimental... Et durant le dîner (souvent un dîner) ou l'activité, chacun essaye de percevoir l'autre et de se révéler tel qu'il est. De cette sincérité de la manoeuvre, on tire aussi le bénéfice du détachement : les partenaires peuvent avouer ouvertement combien ils sont mal à l'aise et peuvent en rire, pour mieux gagner en confiance et donc à être eux-mêmes.

Chaque humain a au moins une identité extérieure et - sans schizophrénie pour autant -des identités intérieures (vous en stressé(e), en calme, vous en enfant blessé devenu adulte mais qui n'a pas guéri toutes ses fissures), etc. Et combien de rdv à la française échouent car justement on frotte juste deux identités extérieures l'une à l'autre ? Qui sont deux armures sociales, utiles certes au boulot ou lors de conflits, mais qu'on oublie de lâcher dans une rencontre privée, qui se veut une découverte sincère et réciproque de qui on est vraiment. Il n'y a que l'âme qui peut tomber amoureux. Si on croit tomber amoureux/se d'un corps ou d'un personnage social (riche, puissant, ou autre), il y a méprise et désillusion tôt ou tard. 

Si mon propos paraît peu clair, c'est que sans doute il est encore un peu confus pour moi, mais j'espère quand même arriver à pointer quelque chose de la peur d'intimité psychique à la française, du manque de lâcher prise sociétal, du "je me prends au sérieux" très français... qui peuvent faire échouer bien des rencontres et dont se repaissent les stéréotypes sociaux qui tentent de nous manipuler en permanence et bien inconsciemment.

A suivre... Nhésitez pas à livrer vos impressions et commentaires même opposés mais sereins sur ce billet :)