Ce qu'on peut imaginer permet-il de changer le réel universel ?

Rentrée d'automne chargée et éprouvante qui a laissé de côté un peu ma recherche...non pas de l'amour mais de la compréhension de ses mécanismes internes (physiologiques et psycholologiques) et sociétaux (stéréotypes attendus, clichés, etc.)

En lecture de Shakti Gawain et de ses Techniques de visualisation créatrice, je poursuis mon exploration du côté des idéologies non ultralibérales.

I De quoi s'agit-il ? 

La méditation, la foi en un univers d'énergies positives (voire bienveillantes) permettent un retour sur soi et une écoute de ses propres contradictions personnelles. Grâce à ce coup de projecteur lucide mais sans reproches, nait une compréhension de ses représentations négatives. Cherchez à aimer ne veut pas dire qu'on se donne le droit de trouver cet amour, par exemple. Même si je veux aimer et être aimée, ses années de recherche, mon expérience familiale m'ont en quelque sorte conditionnées à l'échec. En prendre conscience est une chose mais ne suffit pas. Mes représentations d'un couple possibles sont tellement/ étaient tellement (car j'y travaille) devenues inaccessibles à mon imagination qu'elles allaient à l'encontre de mes propres voeux d'un amour sincère et partagé. Il me faut donc recréer des images mentales positives du couple, de la complicité, etc. 

Il y a ce qu'on veut et il y a ce qu'on croit possible, et ce qu'on croit peut sapper notre accès à ce que l'on veut vraiment. 

Mettre en jeu notre imagination créatrice pour mettre en place des représentations mentales positives -ce que les neurosciences reconnaîtraient comme une reprogrammation interne de nos connexions neuronnales - permet 1°) de reprendre confiance en une destinée créative et épanouissante 2°) de retrouver de l'énergie car les angoisses s'appaisent et ne bouffent plus ou moins l'énergie vitale. Cette source de vie est libérée et peut être employée à des projets plus positifs comme mieux vivre l'ici et maintenant, mieux apprendre à se connaître et s'adapter à la réalité. 

Rappelons que la réalité est notre perception du réel, le réel étant inacessible -selon Lacan- sans un regard humain et forcément subjectif ; et ce regard qui déforme un peu le réel, c'est ce qu'on appelle "la réalité". 

II On ne peut pas changer le réel, dirait un cartésien fondamentaliste. A nous d'adapter notre regard pour faire de ce réel, une réalité supportable. 

C'est la fameuse pensée dominante... 

Très occidentale, cette vision des choses nie le pouvoir de l'esprit sur la matière. Alors que la matière et la pensée sont des énergies. Ses énergies sont-elles miscibles, mélangeables ? Là, est la vraie question scientifique.

En général, on arrête la réflexion là et on sourit avec condescendance. On cesse de réfléchir et on tombe dans la croyance scientifique car il est "bien admis que" le cartésianisme nous force à dire NON, l'esprit n'a pas de pouvoir sur la matière, les événements, etc... mais une position scientifique qui force à dire au lieu de convaincre, est-ce encore une posture scientifique acceptable ? Le doute et la vraie science restent intimement liés. "On doit craindre autant les systèmes (NDA : tout faits, prémachés) que l'on doit rechercher les expériences" disait déjà Buffon, au XVIII°S.(2)

On a étudié la méditation sur le plan neuronal et il est attesté par l'imagerie médicale - type IRM /scanner - que le cerveau change ses niveaux d'ondes voire peut réorganiser sur commande ses connexions synapses-neurones (1) , et de là, envisager d'autres manières de non seulement penser mais aussi de se servir de son corps. Avec du temps et de la pratique bien sûr, comme une espèce de muscu neuronale. 

III Un tenant de la pensée créative dirait qu'on peut changer le réel. Car le réel est une construction générée par l'ensemble de l'univers. Donc de l'énergie. Et l'imagination commune aurait un pouvoir sur l'organisation des énergies et donc de leurs réalisations, y compris en terme d'événements et de matières. L'imagination serait elle-même une énergie organisante ?

Et tout ce qui est muni d'une pensée créative, d'une imagination à la fois bienveillante et de portée universelle ( l'égoïsme ne mène nulle part dans ce système alors que l'individualisme est la clé du système ultralibéral) peut apporter son énergie pour construire des représentations communes positives de l'univers et donc améliorer la société, par exemple. 

Pour les plus sceptiques : il est vrai que les clichés -qui sont des représentations mentales systématisées et négatives  - sont à ce point puissants qu'ils conditionnent les gestes et les pensées d'une grande quantité d'humains.  Alors pourquoi ne pas penser que l'inverse est vrai aussi et que des anti-clichés, des représentations mentales positives puissent en commun changer la vie en société ? Cela changera le regard des individus et les amènera à agir et vivre autrement, en cela la société sera devenue différente. 

A chacun de choisir dans ces théories celle qui l'aidera le mieux à vivre sachant que la première, l'individalisme cartésien a montré ses limites. A noter que la pensée créative de masse ne retombe pas dans les travers de la dictature religieuse car elle n'impose aucune autre croyance que la bienveillance de l'univers et de la vie et la nécessité d'un altruisme personnel où on ne vous impose pas les représentations à construire, (certains se concentrerons sur une meilleure santé, d'autres sur des rencontres plus constructives humainement), on demande juste qu'elles soient respectueuses de chacun. Imaginez que tous les chats meurent parce que je suis allergique aux félins ne fonctionnent pas... Il vaut mieux alors travailler sur une représentation mentale d'une santé personnelle et universelle harmonieuses. 

A suivre ...

Prochain sujet : de la complicité, des idées à me proposer ? > contacter l'auteur (en haut à gauche de la page d'accueil)

---

(1) à ce sujet, voir le très bel ouvrage _le grand larousse du cerveau_. 

(2) préface de _Végétable statics_ , de Stephen Hales.