Transformer le réel : sourire à l'inconnu

Dans une autre vie, dans une autre époque, le bel inconnu du magasin serait venu me parler sur le parking, m'aurait proposé un verre pour le lendemain soir... J'aurais aimé sa voix, m'y serait accrochée comme à une corde de survie, j'aurais réussi à esquisser un sourire et à lever mes yeux vers les siens, y compris à la caisse quand nous attendions côte à côte. Petit à petit, nous aurions échangé quelques mots, sereinement, comme deux vieux amis qui se parlent.

Au lieu de ça, un peu étonnée, j'ai fuit trois fois alors que les aléas de nos courses respectives nous amenaient dans les mêmes allées. Un frisson d'angoisse pareil à la menace d'une agression, comme s'il fallait fuir avant d'avoir à le regretter.

Il a paru aussi étonné que moi à notre premier regard mais là encore, comment être sûre ? Combien de fois me suis-je trompée ? Tellement de fois, que plus rien ne paraît sûr.

Je sais sourire aux vielles dames, aux enfants, aux petits vieux malicieux qui me racontent leur vie, leur humanité me paraît douce, elle me réchauffe le coeur. Pourquoi ne vois-je pas cette humanité dans un homme attirant qui me regarde ? Un vieux traumatisme oedipien ? C'est pourtout là la clé de mes non-rencontres.

La prochaine fois, j'essaierai de sourire, sans lever les yeux, mais au moins sourire, même tête baissée, ça je devrais y arriver quand même (!)

IL sera aussi là mercredi prochain à vers 17H30 ? A suivre...